Rimes

Publié le 4 Mars 2016

Adolescence

Le bateau sur les quais, veut larguer les amarres,

Pour naviguer au gré de ses routes nouvelles.

Mais les cordes se tendent et l’amour maternel

Ne se résout pas à ce prochain départ.

Mystérieuse éclipse d’une aurore vermeille,

Quand un autre soleil éclaire le couchant !

Mas la vie n’attend pas lorsque l’appel du vent

Gonfle la grand voile d’un printemps qui s’éveille.

Heureux temps incertain, heureuse adolescence

Qui brûle les étapes, au feu de l’espérance,

Et ne sait de l’amour que les excès du cœur !

Il faut un temps pour tout : aimer , naitre et grandir ;

Le temps de s’éveiller et le temps de partir ;

Et le temps de cueillir chaque fruit à son heure.

Absence

Mais quand finira-t-elle, la nuit de ton absence

Qu’ils sont désespérés, les pavés sous la pluie

Les oiseaux sur la mer voleront en silence

Et les ombres des arbres, ruisselleront d’ennui.

J’ai suivi à la trace nos chemins de partage

J’ai retrouvé le banc où je t’ai pris la main

J’ai même découvert ces trois petits nuages

Qui dessinaient au ciel nos si jolis chemins

Je m’ennuie loin de toi et je recherche en vain

Les objets familiers de nos longues soirées

Rien n’a changé de place mais tout parait éteint

L’hiver s’est abattu dans notre bel été.

Elle sera encore longue la nuit de ton absence

Rien ne sera pareil à ce qui a été

Je devrais épouser une infinie patience

Pour attendre le jour où je te retrouverai.

Amicalins

Une maille à l’endroit,

Une maille à l’envers.

Il est natif de Troyes ;

Elle est de Vancouver.

Elle se trouve à l’étroit,

Sa vie va de travers.

Lui souffre trop du froid

Quand arrive l’hiver.

L’amour les foudroie,

Ils s’écrivent des vers.

Dans deux mois ou dans trois,

Ils partageront un verre.

Dans un bar de Détroit

Ou sur le port d’Anvers.

Heureux comme des rois

Dans leur bel univers

De petits iroquois

Naitront comme primevères

Elle leur tricotera

De jolis pull-overs

Une maille à l’endroit,

Une maille à l’envers…

Amours, délires et orgues

Faut-il croire à l’amour et vivre d’espérance ?

Faut-il croire que demain sera un jour de chance ?

Rien ne nous y oblige. Choisir l’ombre au menu

Est notre liberté ? A rire nul n’est tenu….

Des lignes sont tracées aux routes de demain.

On choisit ses amis mais jamais son destin.

Au pas de notre porte, chacun voit le midi,

Aux couleurs des nuages ou du soleil qui luit.

Le passé qui s’en va inéluctablement

Laisse sur son passage parfois quelques tourments,

Mais le jour est à nous, nous en sommes les maitres,

Pour mourir avec lui ou avec lui renaitre.

Le bonheur n’est jamais une fatalité;

Avec obstination, il faut le mériter,

Mais sans une exigence de choisir le meilleur,

On passe les printemps sans remarquer les fleurs.

N’allez pas, je vous prie, au mépris de ces vers,

Dire que je suis fou et l’esprit à l’envers…

Fou, je le suis peut-être et même davantage,

Au point de vous offrir mon bonheur en partage…

L’Art d’être grand père

Leurs grands yeux purs nous observent.

Si purs qu’on s’y noie d’amour

Ils expriment tout haut leurs pensées si naturelles si spontanées

Que nos esprits compliqués découvrent les évidences de la simplicité.

Quand ils aiment ils s’invitent sur nos genoux,

Ils passent leurs petits bras autour du cou

Avec des « papi, je t’aime » si vrais qu’ils feraient fondre des icebergs.

Quand ils n’aiment pas, ils ne font pas semblant ;

Avec la franchise brutale des enfants, ils remettent nos illusions à leur place.

Ils ont des réserves de questions naïves, troublantes, profondes

Qui nous laissent désemparés.

Ils nous croient avec une foi sans limite.

A leurs yeux, nous sommes des dieux, des savants, des historiens, des sages, des chefs, des justiciers, des consolateurs, des thaumaturges, des mécaniciens, des grammairiens, des médecins…

Et quand survient la peine ou la blessure, la peur ou la joie, tout est dans la démesure et dans l’irrémédiable…

Mais l’irrémédiable se dilue dans nos bras, leurs larmes se sèchent sous nos baisers . Ils s’endorment en paix parce que nous les couvrons de notre force.

Et puis, un jour, ils grandissent. Leurs ailes se déploient.

On voudrait bien les retenir, arrêter les aiguilles du temps. On refuse en secret qu’ils cessent d’être des petits, nos petits…

Mais ils s’envolent du nid, vers des ailleurs qui ne nos pas les nôtres.

Ils deviennent pères à leur tour.

Notre tendresse pour eux est intacte. On ne les prend plus sur nos genoux ou du moins on n’ose plus.

Mais quand on parle d’eux, on dit encore « les petits »

Parce qu’ils ne cesseront jamais d’être nos petits.

Au fil de mes pensées

Au fil de mes pensées, je m’évade si loin

Qu’il m’arrive parfois de me perdre en chemin

Et de tisser ma laine sur le fond d’horizon

D’une île hospitalière très loin de ma maison

Au fil des souvenirs, je remonte le temps

De ces jours lointains lorsque j’étais enfant

A l’école buissonnière de ces fruits interdits

Qui m’ouvraient toutes grandes les joies du paradis

Au fil de mes humeurs, je laisse aller ma plume

S’envoler au plus haut au dessus de la brume

Tracer des arabesques dans des mots en délire

Qui élisent le meilleur pour ignorer le pire

Automne


Novembre qui éclate dans ses feux d’artifice
Brûle son plein de cœur en flammes vermillon
Il s’enivre d’un vin pétillant des caprices
D’un octobre mourant dans d' ultimes rayons.

Les arbres des forêts sèment à tous les vents
En milliers de nuées des envols d’oiseaux d’or;
Les érables s’ébrouent dans le soleil couchant
En une symphonie des plus parfaits accords.

C’est ainsi que s’éteint le volcan de l’été
Trop furieux que l’automne l
ui ravisse la place
Pour donner à la terre une étrange beauté.

Il ne restera plus de cet apothéose
Que des branches tendues toutes givrées de glace,
Cachant dans leurs replis l’espérance des roses…

Automne

Fins d’orages roussis sur feuillages d’octobre

Flammes oranges gourmandes des aurores mandarine

Nostalgies du couchant pour un festin trop sobre

Sur nappes d’océan aux humeurs purpurines

Coulures violettes dans les vignes épuisées

Des excès d’un été tout en engrossé de grappes

Les rouilles de l’automne couvrent la cerisaie

Qui s’abandonne aux larmes sous le vent qui la frappe.

Les mauves chrysanthèmes moutonnent nos Toussaints

Et dans les cheminées éclatent les marrons

Le chat indifférent somnole sur son coussin

Tangos de feuilles mortes aux bras des liserons

Fauves forêts d’érables en bures de capucins

L’automne s’abandonne aux bras des bûcherons.

Baccalauréat

Vous souvient-il encore de ce merveilleux jour

Qui consacrait enfin des années de labeur

Entassés par centaines dans une immense cour

Vous guettiez le verdict , dans l’espoir et la peur …

Votre nom serait-il affiché au tableau

De ces heureux élus qui hurleraient de joie

Alliez vous repartir l’âme en peine, le cœur gros

Ou sauter d’allégresse, bien plus comblé qu’un roi ?

Vous avez reconnu, au milieu de l’affiche

Votre nom de famille et vos quatre prénoms

Vous étiez devenu en un instant très riche

Des vos rires mêlés de larmes et d’émotion

Vos dicos, vos cahiers devenaient dérisoires

Etranges étaient ces classes où vous n’entreriez plus

Vous ne redoutiez plus le professeur d’histoire

Ni les pions menaçants de longues retenues.

Vous goutiez sans mesure le goût de la victoire

Ivres de liberté, le monde était à vous

Vous souvient-il encore de ce merveilleux soir

Où tout était permis, où vous faisiez les fous ?

Les années sont passées, mais ce jour restera

Comme un jet de lumière, un bonheur absolu

Une joie insolente que rien n’effacera

Un goût de plénitude qui ne reviendra plus…

Béatitudes de la poésie

La poésie ne change pas les hommes,

elle les aide seulement à s’estimer, parfois à s’ aimer.

La poésie ne change pas le monde,

elle fait seulement jaillir des lumières de son ombre

La poésie ne change pas les jours,

elle dit seulement au cœur ce que lui cache la raison

La poésie ne fait ni l’histoire ni la révolution ,

elle met des fleurs au bout des fusils

La poésie ne nourrit pas les affamés,

elle les aide seulement à supporter leur faim

La poésie ne résout pas les problèmes,

elle les fait considérer différemment

La poésie se fait humble devant la froide raison

mais réchauffe la raison de musique et de rêve

La poésie n'arrête pas le temps,

elle peut transporter au delà du temps.

La poésie n’ouvre qu’une toute petite porte

vers des ailleurs d’amour et de beauté.



Heureuse, heureux qui en a la clé…

Berger des mots

Dans un champ de nuages, j’ai conduit mes moutons,

Des moutons verts ou rouges, aux couleurs de mes rimes,

Aux couleurs de mon âme, avec quelques marrons,

Et même des tout blancs qui grimpaient vers les cimes…

Ils broutaient des bouquets de tendres fantaisies

Qui poussent au matin des printemps de tendresse.

Ensemble, ils composaient de jolies poésies

Et des vers qui prenaient des chemins de traverse…

Parfois ils s ’égayaient dans les landes sauvages

De sonnets malicieux ou d’odes capricieuses.

Insensibles à mes cris de prudence trop sages

Ils s’enivraient du vin de strophes capiteuses.

Je me suis cru longtemps le berger de mes mots,

Mais eux étaient mes maîtres, je leur obéissais.

Ils étaient le violon, la flute ou le piano

Des vers qui s’envolaient de toutes mes pensées.

Ainsi nait un poème comme nait un enfant

Sur un grand coup de coeur, une folle émotion,

Mais on ne sait jamais, pourquoi subitement

Surgissent les mots qui traduisent nos passions.

Bleus d’artifices

Tous les bleus du monde, chatoiement de nuances,

Ont gravi les coteaux,aux noces du soleil,

Emportés par le feu du mistral de Provence

Ils ont noyé le ciel comme un essaim d’abeilles.

Quelques aigues marines aux ailes bleu-canard

Versaient sur les lavandes une larme indigo

Un orage là-bas, volait aux nénuphars

Les teintes d’océan qu’il portait sur son dos

Les sombres bleus de nuit, tout au fond des vallées

Se trainaient paresseux dans des lits de saphir

Les clochers des églises, toitures cérulées

Sonnaient des angélus aux célestes soupirs

Les cyprès se paraient d’écharpes myosotis,

Comme des touaregs aux foulards bleu-turquin,

Les panaches des pins en lapis-lazuli

Scintillaient de bonheur au lumineux matin.

Le Bon Dieu entre-ouvrit les rideaux de son ciel

Son doux regard plongea dans ces bleus merveilleux

Il couronna la fête de son bel arc-en-ciel

Et l’azur de la mer fut couleur de ses yeux.

Botéro

En passant, innocent, dans un jardin public

Une statue géante, énorme cylindrique

M'a regardé du haut de ses deux mètres vingt

Prête à m'emprisonner dans le creux de ses mains.

Un nom gravé au pied identifiait ce gros

Gargantua moderne : Fernando Botero...

Mon trop myope regard dut vite se raviser

Une femme charnue aux formes accusées

Vers moi tendait les bras, désireuse sans doute

Qu’aux gourmandes rondeurs de ses charmes, je goûte.

A l’instant j’éprouvai une forte émotion,

Au souvenir ému de ma folle passion

Pour les formes replètes, généreuses et rondes

D’une fée qui semblait la sœur de la Joconde…

Depuis ce jour béni, je me suis converti

Aux gros de Botero que je trouve jolis

Enrobés et dodus tout emplis de tendresses

Dont je caresse souvent, les mollets et les fesses.

Les femmes bien en chair aux formes arrondies

Qu’on rêve de chérir chaque nuit dans son lit,

Plus que ces femmes maigres comme des planches à pain

Qui nous laissent des bleus après chaque câlin ;

Toutes celles qui souffrent de leurs kilos en trop

Devraient, je vous assure admirer Botero

Et goûter comme moi ses beautés érotiques

Qui nous font oublier les formes squelettiques

Des maigres mannequins nourris de quelques miettes

Qui font, quand elles marchent, des bruits de castagnettes.

Aujourd'hui

Chaque instant de la vie est graine entre nos mains

Que chacun peut semer au gré de son désir

Pour germer et murir et pour donner du pain

Ou demeurer stérile et finir par mourir.

Chacune de nos minutes est une goutte d’eau

Offerte à toute soif de bonheur et d’amour

Sans se préoccuper si c’est tard ou trop tôt

De s’en désaltérer à toute heure du jour

Chacun de nos matins est la nouvelle aurore

Qui, d’un rayon, efface toutes nos nuits perdues

Elle nous offre des voiles dans un nouveau décor

Pour renaitre à la joie dans un vol éperdu.

Chaque jour et chaque heure, chaque âge, chaque saison

Est feuille entre nos mains pour être dessinée

En une gerbe immense pour fleurir sur l’horizon,

Et semer des étoiles dans nos cieux esseulés.

Carpe diem

Je ne pleure pas hier,

Je n’attends pas demain.

C’est ce jour qui m’est cher,

Le seul qui m’appartient,

Que je peux à loisir

L’emplir de mille feux,

Ou le laisser partir

Dans des regrets fâcheux.

Je me sers du passé pour réchauffer mes heures

Des braises et des lumières de mes petits bonheurs.

Quand je pense à demain, c’est alors que je bois,

Des rêves que je savoure comme des fruits des bois.

Je ne suis pas le maître des projets qui pourraient

S’en aller en fumée entre quelques cyprès…

Et les lauriers passés sont maintenant fanés

Dans le temps qui s’enfuit au passé composé.

Chaque jour et chaque heure, chaque âge, chaque saison,

Se vivent dans l’instant comme de belles moissons.

On ne revit jamais le temps des amours mortes

Mais le jour qui se lève sur le pas de sa porte.

Ne me demandez pas celui que j’ai été

Ni ceux que j’ai aimés, ni ce que je ferai

Demandez à mon arbre les seuls fruits qui se dorent

Au soleil du présent pour les goûter encore ;

Je laisse aux nostalgiques le passé qui les hante

Et aux politiciens, les lendemains qui chantent ;

Sous ma treille dorée, je déguste l’instant

Comme le paradis d’un éternel printemps.

Ce matin

Ce matin, la lumière

A voulu épouser

Une rose trémière

Qui allait s’éveiller

Dans les draps roses et verts

D’une douce rosée.

A l’aube printanière

La rose s’est parfumée

De fragrances légères

Qui ont tout embaumé.

Et plus belle est la terre

Plus douce, la journée

Par une rose trémière

A peine, réveillée…

Chacun , chacune

Dans chaque rue, chaque maison

Passent les jours gris ou vermeils

Passent les mois et les saisons

Sous la pluie et sous le soleil.

Dans chaque tête, gît une malle

Remplie de perles et de guenilles

Gerbes de fleurs ou fleurs du mal

Et des pépites qui scintillent

Sous chaque toit brûlent des feux

Qui se tapissent sous la cendre

Ou brillent tout au fond des yeux

De fous désirs lassés d’attendre

Chaque cœur cache son jardin

Les chardons s’y mèlent aux fleurs

Secrets de joies et de chagrins

Cueillis au fil de vielles heures

Toutes les vies passent ainsi

Entre les ombres et les lumières

Conservons les morceaux choisis

Le bonheur est si éphémère…

Champs d'exil

Une terre inconnue qu’on m’avait dit d’aimer

S’est offerte une nuit à mes pieds d’exilé.

Le vent rude de l’Histoire, plus glacé que l’hiver,

Avait déraciné mes souches centenaires.

Mes frères, en d’autres temps, avaient donné leur vie

Pour ce pays lointain, cette étrange patrie,

Au-delà de la mer, et cependant si près,

Qu’en la cherchant du cœur, on savait la trouver…

Elle a mis des années à nous apprivoiser,

Mais l’amour fit le reste car nous étions français.

Nous étions imprégnés depuis nos premiers mots,

De sa langue si belle qui couvraient nos tableaux.

Nous pensions, nous aimions de la même manière,

Nourris de la culture de Montaigne et Voltaire…

Les images en couleurs de nos livres de classe

Prenaient vie sous nos yeux, auréolés de grâce…

Les années ont passé … Sans céder à l’oubli,

Nous nous sentons chez nous, dans ce nouveau pays.

Des enfants sont venus qui chantent avec l’accent

De la lande bretonne ou du ciel occitan.

Mais le cœur vibre encore lorsque la Marseillaise

Nous remet en mémoire, l’autre terre française,

Où reposent toujours, sous un ciel embrasé

Nos racines aimées qu’on n’oubliera jamais…

Chatte

Elle ne disait rien ; son regard suffisait

Qui se posait sur moi en signe de tendresse

Elle ne disait rien ; parfois elle miaulait

Ou sautait dans mes bras pour que je la caresse

Lorsque je la quittais , elle allait dans son coin

Et elle n’en bougeait plus en guettant mon retour

Quand je revenais, elle me voyait de loin

Et accourait vers moi, sans le moindre discours

Elle ne disait rien mais venait se coucher

Là , juste sur mes pieds, ronronnant doucement

Si un ami venait, elle allait se cacher

Gardant pour elle seule, nos si tendres moments.

Quand j’avais du chagrin, elle en avait aussi

Elle me suivait partout en veillant sur mes pas

Elle ne disait rien mais son pelage gris

Blotti contre mon cœur me réchauffait le bras.

Les mots sont inutiles quand la tendresse est la

Il suffit d’un regard et de beaucoup d’amour

Les chats ont la pudeur de nous aimer tout bas

Et leurs yeux disent plus que nos très longs discours

Chemin de plume

Evade toi ma plume

Aux chemins buissonniers

Décroche-nous la lune

Ne te fais pas prier.

Cours ta bonne fortune

Saute au dessus les haies

Les grilles importunes

Des rêves empêchés.

Cours et vole ma plume

Au souffle du mistral

Quand ton désir s’allume

Enfourche ton cheval.

Ouvre toutes les portes

Obstinément fermées

Force les, peu importe

Qu’elles soient condamnées

Parcours à l’infini

Les chemins éperdus

Et cueille tous les fruits

Qu’on disait défendus.

A la fin de ta course

Distribue tes trésors

Et vois dans la Grande Ourse

S’Il en reste encore.

Repars alors bien vite

Ne t’arrête jamais

Dépasse tes limites

Ne cesse pas d’aimer

Chocolat

J’aime le chocolat au goût de mes amours

Qui fond dans le palais comme un baiser profond

Et coule dans la gorge en laves de velours

Réveille dans le corps mille désirs de feu

Le vrai chocolat noir qui appelle sans détour

Un plaisir si puissant qui s’offre sans manières

Dans la nuit la plus sombre fait revenir le jour

Et ouvre toutes grandes des portes de lumière

Le chocolat au lait pour les petits matins

Subtil et délicat comme un baiser de femme

Il prolonge, suave, les caresses satin

Des réveils amoureux et des dernières flammes.

J’aime le chocolat marié au café

Dans l’exquise harmonie de l’amer et du doux

Il marie sur nos lèvres des diables et des fées

Dans une sarabande de délires un peu fous.

Quand le temps est au gris et qu’il pleut sur la lande

Quand le cœur est en berne et que l’âme se noie

Le chocolat invente des soleils de légende

Et offre des pépites scintillantes d’émois.

Comédie humaine

Le spectacle n’est pas au devant de la scène
Dans les vers déclamés d’artistes costumés
Le spectacle n’est pas au milieu de l’arêne
Où s’affronte au taureau , le toréro zélé…
Le spectacle se passe derrière les coulisses
Dans mille médisances et mille calomnies
Dans des secrets troublants dits aux amis complices
Sur des amants qu’on croit coucher au même lit.
Le théâtre ne sert qu’en lieu de rendez-vous
L’intrigue se cultive en des lieux bien cachés
Les membres des familles se transforment en loups
Pour croquer à belle dents les amis affichés…
Ainsi meurent doucement de grandes dynasties
Derrière le paraitre qui n’est qu’un paravent
Et masque chastement bien d’autres comédies
Qui finiront aussi aux caprices du temps…

Confession d'un homme heureux

De ces petites choses cueillies chaque matin,

Pétales d’une rose, épines d’un chagrin,

Je fais deux petits tas, l’un pour la part du feu,

L’autre pour me donner des raisons d’être heureux.

Je choisis mes amis, ma musique et mes livres.

Je choisis mes amours et je veux qu’ils m’enivrent.

Je donne sans compter pour avoir mille fois,

De ce que j’ai semé, des récoltes de joie.

Si les nuages viennent brouiller mon horizon,

Je ferme mes volets et je clos ma maison.

Le feu de cheminée m’offre des étincelles

Qui jettent des étoiles et me font un grand ciel.

Je fuis les annonceurs de mauvaises nouvelles.

Je guette les enfants qui jouent à la marelle ;

Les oiseaux insouciants me donnent des leçons

D’un très simple bonheur qu’ils vivent en chansons.

Oh je sais bien qu’un jour, tout cela finira

Mais des années qui viennent, je ne me soucie pas.

Ce jour qui m’est donné, je veux le ciseler

Comme un or précieux scintillant de gaité.

Chocolat

J’aime le chocolat au goût de mes amours

Qui fond dans le palais comme un baiser profond

Qui coule dans la gorge en laves de velours

Et réveille dans le corps mille désirs de feu

Le vrai chocolat noir qui appelle sans détour

Un plaisir si puissant qui s’offre sans manières

Dans la nuit la plus sombre fait revenir le jour

Et ouvre toutes grandes des portes de lumière

Le chocolat au lait pour les petits matins

Subtil et délicat comme un baiser de femme

Il prolonge, suave, les caresses satin

Des réveils amoureux et des dernières flammes.

J’aime le chocolat marié au café

Dans l’exquise harmonie de l’amer et du doux

Il marie sur nos lèvres des diables et des fées

Dans une sarabande de délires un peu fous.

Quand le temps est au gris et qu’il pleut sur la lande

Quand le cœur est en berne et que l’âme se noie

Le chocolat invente des soleils de légende

Et offre des pépites scintillantes d’émois.

Confession d'un timide

Je lui réciterais de tendres poésies

De galants madrigaux pimpants de fantaisies

Je lui inventerais d’exotiques voyages

Sur des vaisseaux dorés, par-dessus les nuages

Et je la conduirais jusqu’à Cocabana...

Si j’osais, si j’osais… mais je n’ose pas

Je lui prendrais la taille dans l’allée du jardin

Pour sauter le ruisseau, je lui tendrais la main

Je sèmerais d’étoiles les tentures du soir

Je percerais le ciel pour lui servir à boire

Dans le désert immense au fond de la pampa

Si j’osais, si j’osais… mais je n’ose pas

Je lui dirais des mots qu’on ne dira jamais

J’inventerais des temps au joli verbe aimer

Et des déclinaisons pour lui dire mon amour

Elle serait ma muse et moi, son troubadour

Je la regarderais s’endormir dans mes bras

Si j’osais, si j’osais, …mais je n’ose pas

Si j’osais si j’osais … Et même si j’osais

Je crois que j’irais vite, dans un trou me cacher

Ruminer solitaire les rêves insensés

Des timides amants qui regardent passer

Le destin insolent des chanceux de la vie

Et ne gardent pour eux qu’une inlassable envie

D’offrir du bonheur pour le prix d’un baiser

A celle qui, à leur place, saura un jour. Oser !

(Un) coq, une poule et la télévision

Fable

Maitre coq épuisé d’une dure journée

Rentra à la maison, fourbu et irrité.

De sa poule, recevant des baisers tendrement

Il se mit en colère : « Ce n’est pas le moment »

Cria-t-il s’installant au fauteuil du salon

Pour regarder, céans, sa meilleure émission.

« Apporte-moi, dit-il Mon whisky mes chaussons

Sur un plateau repas … un verre de Jurançon. »

La poule se pressa sans faire de manières

Redoutant de son maitre les furieuses colères.

Pendant qu’il dévorait une cuisse de poulet,

Elle, sans s’arrêter, cuisinait et rangeait,

S’affairant avec cœur sans perdre une minute

Cependant que Monsieur hurlait à chaque but…

Lorsque vint le moment d’aller se reposer

Elle aurait bien voulu regarder la télé

Mais on ne trouble pas un sportif passionné

Au moment où les bleus vont être débordés.

Elle remit à plus tard le moment de tendresse

Les coqs trop sportifs ont bien quelques faiblesses

Et ne font pas toujours les meilleurs des amants

Après un très grand match, ce n’est pas le moment…

Il est parfois des poules qui ont quelques raisons

De rêver, dans la nuit, de changer de maison…

Mais trouveront-elles dans d’autres poulaillers

Des coqs moins stupides, capables de les aimer ?

​G.B

Croisière

Sur le quai, les enfants accompagnent mamie.

Elle part en croisière visiter l’Italie,

Mais saura-t-elle, seule, se passer d’eux longtemps

Elle les rassure mal... elle est si vieille maman !

Doucement, le bateau se détache du port

On se fait de grands signes et des bisous très forts !

Les visages s’estompent, les au-revoir se taisent...

Mamie est enfin seule pour une parenthèse

D’une nouvelle vie sans enfants ni témoins

Sans règle sans interdit de manger à sa faim

De déguster enfin tous les fruits défendus

De retrouver le goût de ses trente ans perdus

De ne plus se cacher, de se sentir une femme

De brûler ses désirs à de nouvelles flammes

Dix jours de liberté, dix jours sans horizon

Oubliés le passé, les amis, la maison

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse

Et s’offrir à l’automne un parfum de jeunesse

Elle sent battre son cœur pour un homme distingué

A peine plus jeune qu’elle, mais un peu plus fripé

Elle attend sur le pont en robe de soirée

Qu’il lui offre le bras et l’invite à danser

Elle s'enivre de champagne de danse et de musique

Elle écoute sans y croire des aveux romantiques

Et termine la nuit jusqu’aux heures de matines

Dans le lit d’un galant dans une autre cabine !

Le temps d’une croisière, elle jette ses oripeaux

Les clichés respectables d’une mamie gâteau

Elle s’évade de la cage où les enfants la parquent

Et choisit sa tempête et le nom de sa barque

Elle se réveiller enfin en se découvrant reine

Du royaume éphémère d’une folle semaine…

Sur les quais les enfants viennent chercher mamie

Elle revient de voyage sur les côtes d’Italie

« Ah mes enfants, dit-elle, quelle jolie croisière ! »

Elle essuie une larme entrant dans la volière …

."...J’ai aimé ce voyage, je l’ai aimé beaucoup !"

Sa peau brûlante encore d’un baiser dans le cou

Cueillir l'instant

Chaque instant de la vie est graine entre nos mains
Que chacun peut semer au gré de son désir
Pour germer et murir et pour donner du pain
Ou demeurer stérile et finir
par mourir.

Chacune de nos minutes est une goutte d’eau
Offerte à toute soif de bonheur et d’amour
Sans se préoccuper si c’est tard ou trop tôt
De s’en désaltérer à toute heure du jour

Chacun de nos matins est la nouvelle aurore
Qui, d’un rayon, efface toutes nos nuits perdues
Elle nous offre des voiles dans un nouveau décor
Pour renaitre à la joie dans
un vol éperdu.

Chaque jour et chaque heure, chaque âge, chaque saison
Est feuille entre nos mains pour être dessinée
En une gerbe immense pour fleurir sur l’horizon,
Et semer des étoiles dans nos cieux esseulés.

Ecolier commun de la communale

Dans son tablier gris, plié sous cartable,

Quand sonnaient à l’horloge, les huit coups assassins,

Il courait, éperdu, priant Dieu et ses saints,

Que la maitre d’école soit un peu charitable.

Mais les maitres d’antan assommaient de menaces

Les écoliers distraits coupables de retard,

Elèves paresseux, chenapans ou bavards,

Les cancres assignés aux bancs des fonds de classe.

Lui avait bien compris qu’il ne serait jamais

L’élève si brillant que tout le monde aimait,

Le premier de la classe, le garçon exemplaire,

Qui ferait la fierté de son père et sa mère.

Alors, par la fenêtre, le cancre s’évadait

Sur les ailes légères des oiseaux qui passaient,

Et du haut du ciel bleu, dans des nids de nuages,

Il regardait l’école des élèves bien sages.

Et des maîtres sévères une règle à la main,

Conjuguant en chantant des verbes en latin,

Les accords obligés des participes passés

Et la forme subjonctive du passé composé…

Ecrire

Pourquoi semer des vers dans des champs de lecture

Et chercher tant de rimes qui peinent à s’accorder

Pourquoi sur le clavier, graver une écriture

L’offrir à tous les vents , sinon pour être aimé ?

Quand le cœur se dévoile sur des fils d’élégance

Quand s’affichent l’émoi ou le sombre tourment

Quand des mots écorchés confessent la souffrance

L’écriture est la quête de poètes mendiants

Ils espèrent que surgissent aux sillons de leurs mots

Des moissons frémissantes au vent du même émoi

Et que des chants s’élèvent en de lointains échos

Tout brûlants d’allégresse dans un grand feu de joie…

Ils espèrent susciter des vagues bienfaisantes

Gonflées par les embruns de ces désirs secrets

Qui s’éveillent au sel de saveurs enivrantes

Enfouies dans les sables de plages oubliées

ELLE

A ce creux que j’ai là, la poitrine serrée,

A mes yeux qui s’embuent, à la gorge nouée,

A la vague qui passe quand vient le souvenir,

Je sais que je l’aimais à ne plus en finir.

A chaque anniversaire, aux lumières de Noël,

Aux fêtes sans saveur en l’absence de celle

Qui mettait tout son cœur à décorer le nid,

Je sais que je l’aimais pour un temps infini.

A cette route longue et personne à côté,

A ce goût oublié d’un repas partagé,

A ces longs monologues, aux rêves de mes nuits,

Je sais que je l’aimais et n’en suis pas guéri.

On peut faire semblant de paraitre enjoué

Au milieu des enfants, sourire et plaisanter.

Quelque chose est cassée, dans l’horloge de la vie.

On sait qu’on a aimé quand l’aimée est partie.

Il faut voler quand même avec une seule aile,

Essayer d’avancer avec ce manque d’elle,

Retrouver ses désirs, partager ses envies,

Mais chaque jour sans elle est une étrange vie.

G.B

(la) Faute des rimes

C’est la faute des rimes

Si l’esprit vagabonde

Des vallées vers les cimes

Que la lumière inonde ;

Est-ce ma faute à moi

Si l’histoire de mes rêves

Bondit comme un chamois

Quand ma plume se lève ?

C’est la faute des rimes,

Abusives maitresses

Qui sans cesse nous intiment

Des mots qui les caressent…

A un chêne chenu

J’aurais fait épouser

Une liane perclue

D’avoir trop enlacé.

Mais la rime que voilà

M’impose que je change…

Ce sera l’impala

Au risque de l’étrange.

Et que faire , Mon Dieu,

Quand les rimes commandent

Que les étoiles des cieux

Aient les yeux en amandes ?

Que le grand méchant loup

Pilote d’hélicoptère

Mange la potée aux choux

Avec des vers de terre ?

Je suis de toutes mes rimes

Un esclave soumis

Les histoires qu’elles me miment

Sont à leurs fantaisies

N’allez donc pas chercher

Un début de logique

Quand la plume se met

Aux règles poétiques.

L’esprit part en vacances

Sur des nuages fous

L’imagination danse

Les sens dessus-dessous.

Les alliances de mots

Bousculent la raison

Comme des coquelicots

Dans la morte saison.

Et c’est bien mieux ainsi

Que les poètes déments

Soumettent à leur merci

Le soleil et le vent

Qu’ils chassent de leur âme

La triste convenance

Et livrent leurs fantasmes

Aux flammes de l’outrance…

Gardez vous, naufrageuses

De la folle du logis

Les meilleures nageuses

Ont péri dans son lit…

Fragile beauté

Quand l’amour illumine le regard de l’aimée ;

Quand les bras des enfants font de tendres colliers,

Quand passent sur nos têtes, les oiseaux migrateurs,

Changeant de continents pour de plus beaux ailleurs ;

Quand une main se pose dans une main amie,

Pour un bout de chemin ou pour toute la vie,

Dans un monde cruel, quand se lève l’amour ;

Quand la nuit sans sommeil s’efface au petit jour ;

Quand se lève le peuple pour dénoncer la rage ;

Quand au froid de la peur s’oppose le courage,

Quand des milliers d’enfants alors qu’il est bien tôt,

Se pressent vers l’école, cartables sur le dos…

Alors les siroccos soufflent en même temps

Et fondent nos hivers en éclatants printemps,

Du profond de la terre jaillissent des volcans,

Les roses rouges éclosent en des buissons ardents ;

.

La vie chargée d’amour efface la folie,

Des hommes insensés tout de haine pétris,

Qui croient vaincre le monde par les larmes et le sang

Et n’épargnent personne, pas même les enfants.

Car ce monde si beau est un monde fragile,

Il faut le protéger des hordes imbéciles …

Grand Père

Les chênes centenaires qui règnent dans les bois,

Paraissent invincibles sans défaut de cuirasse.

Ils dominent le monde et imposent leurs lois,

Insensibles au temps et aux saisons qui passent.

.

Je me suis pris longtemps pour l’un de ces vieux chênes,

Malgré les échéances de chaque anniversaire,

Jusqu’à ce jour étrange où naquit une reine

Qui changea mon destin de curieuse manière.

Je devins plus fragile angoissé à l’idée

Qu’il pût lui arriver quelque désagrément,

Une légère toux ou une dent de lait

Me changeaient en roseau balloté par le vent.

Sur le pas de l’école, j’attendais chaque jour

Son sourire éclatant et ses bras à mon cou.

Sur mes joues ruisselaient quelques larmes d’amour

Le soir, quand elle venait s’asseoir sur mes genoux.

C’est ainsi que j’appris l’aimable dépendance

Parfois la servitude dans l’art d’être grand père.

Mes très vielles années retrouvaient une enfance

Une fragilité que je ne savais guère.

Un jour arrivera où elle s’envolera

Vers un chêne plus jeune dont je serai jaloux.

Je garderai au cou l’empreinte de ses bras

Et au cœur tout l’amour de ma petite Lou.

Grenier

Dans le grenier de nos mémoires

Dorment les livres de nos histoires

Dans le grenier des sentiments

Dorment les cœurs de nos vingt ans

Dans des albums jaunes ou gris

Se sont installées les souris

Qui ont rongé les souvenirs

De l’émotion de nos désirs

Dans le grenier de nos passés

Trainent quelques portraits brisés

Beaux comme des chagrins d’amour

Quand nous jouions aux troubadours

Dans le grenier de notre enfance

Gisent encore quelques souffrances

Lorsque des maîtres insensés

Donnaient des gifles et des fessées

Je garde encore dans mon grenier

Tous les visages que j’ai aimés

Je les emporte dans mes voyages

Dans un pays plein de mirages

Homéopathie du bonheur

Le matin au réveil, prenez quelques minutes;
Constatez avec joie que vous êtes vivant !
Soyez indifférent à tout ce que vou
s fûtes;
Et chauffez vous le coeur dans le soleil levant.
Oubliez les nouvelles dont vous êtes impuissant:
Offrez vous le cadeau d'un tout petit plaisir:
Quelques pas au jardin, l'annonce du
printemps
La musique qui réveille de jolis souvenirs.
Explorez le trésor de l'imagination;
Découvrez y bien vite ce qui vous fait envie;
Ne soyez jamais sage, réveillez v
os démons;
Ne gaspillez jamais les promesses de la vie.
Dans chaque jour qui passe un trésor est caché
Recherchez le d'abord dans des joies minuscules
S'il ne vient pas à vous, allez vite le ch
ercher
Le bonheur ça se vole, il faut qu'on le bouscule.
G.B

Ile Sainte Marguerite

...au large de Cannes

Les vagues scintillaient sous l’horizon d’azur

La bateau ronronnait et les pins mordorés

Balançaient leurs panaches dans un ciel si pur

Qu’un nuage perdu se sentait exilé.

Sur la mer obstinée, la longue litanie

Des écumes léchaient la grève sensuelle

Des mouettes bavardes n’avaient jamais fini

De tirer leurs complaintes jusqu’au bout de leurs ailes.

Sous la voute des branches, le transept des grands pins

Profilait vers le chœur la verte cathédrale.

Un rayon de soleil sanctifiait le matin

Quand l’orgue de la mer réveillait le mistral.

Une île détachée des rumeurs insolentes

S’était ancrée au large, loin des folles passions.

La Méditerranée protégeait mille plantes

Où nichaient les oiseaux des longues migrations.

La sainte Marguerite enferme dans ses bras

Une verte abbaye pour âmes solitaires.

Et le ciel qui se fond au bleu-vert de ses draps

L’élève hors du temps, au-delà de la terre.

Infinitifs

Vivre à contre courant
Des tempêtes et du vent
Et regarder son temps
Comme un nouveau printemps
Arrêter de descendre
Renaitre de ses cendres
Chercher mai en décembre
Conserver un cœur tendre.
Prendre le jour qui passe
Pour un don, une grâce
De la fonte des glaces
De l’ombre qui s’efface
Mais demeurer fidèle
A l’oiseau dont les ailes
Laissèrent des étincelles
De bonheur dans le ciel.
Vivre sans oublier
Les chemins escarpés
Des années partagées
D’un lumineux passé.
Garder trace de la vie
Goûter encore aux fruits
Sans céder à l’ennui
D’un passé qui a fui.
Oui, vivre éperdument
Sans gâcher un instant
Et sans perdre un moment
Du merveilleux présent.

GB

Homéopathie du bonheur



Le matin au réveil, prenez quelques minutes;
Constatez avec joie que vous êtes vivant !
Soyez indifférent à tout ce que vous fûtes;
Et chauffez vous le coeur dans le soleil levant.

Oubliez les nouvelles dont vous êtes impuissant:
Offrez vous le cadeau d'un tout petit plaisir:
Quelques pas au jardin, l'annonce du printemps
La musique qui réveille de jolis souvenirs.

Explorez le trésor de l'imagination;
Découvrez y bien vite ce qui vous fait envie;
Ne soyez jamais sage, réveillez vos démons;
Ne gaspillez jamais les promesses de la vie.

Dans chaque jour qui passe un trésor est caché
Recherchez le d'abord dans des joies minuscules
S'il ne vient pas à vous, allez vite le chercher
Le bonheur ça se vole, il faut qu'on le bouscule.

Hôpital

Elle s’ en est allée seule, la valise à la main
Les chats l’ont regardée, avaient-ils du chagrin ?
Elle a fermé la porte et puis s’est retournée
Mais personne n’était là au plein cœur de l’été.
Elle aurait souhaité une main amicale
Pour entrer dans la chambre de ce grand hôpital.
Août avait desséché les ruisseaux et les coeurs
Les amis sont partis retrouver la fraicheur
Ils étaient contrariés mais les vacances imposent
D’autres impératifs… ils enverront des roses !
L’amitié au soleil est une tromperie
Qu’on cultive sans peine lorsque tout nous sourit
Mais que vienne la pein
e ou l’ennui de santé
Les sincères amis sont soudain égarés
A des taches diverses et toutes essentielles.
Heureux qui a une chien, lui restera fidèle…

Insignifiante


Elle n’est pas portée aux effets d’artifices
Elle passe simplement et se contente d’être
Sa plume sans effort inlassablement tisse
Des phrases qui s’écoulent sans chercher à paraitre

Elle se voit grise peut-être insignifiante
Mais les diamants précieux sommeillent sous la terre
Elle cache en son cœur des trésors en attente
Pour qui découvrira ses précieuses pierres

Il est souvent ainsi de l
ointaines étoiles
Brillant de mille feux que personne ne verra
Car elles se dissimulent sous de pudiques voiles

Il faut le goût du beau et la passion du vrai
Pour trouver la pépite aux très riches carats
Qui ornera le doigt de qui saura l’aimer
G.B

Ivresses

Une soif de vie nous brûle les artères;

Nous voulons que demain soit bien plus beau qu’hier;

Nous guettons en l’hiver le réveil du printemps,

Et nous rêvons toujours que nous avons vingt ans.

Au diable l’avarice d’une vie rétrécie,

Si d’autres sont heureux, nous le pouvons aussi,

Sans mesure, sans barrière, sans de sottes défenses,

Prenons nous par la main et entrons dans la danse.

Osons la joie de vivre, sans vaine précaution

S’il faut vivre sa vie , faisons le sans façon.

Chaque journée qui passe ne reviendra jamais

Elle sera perdue si on n’a pas su aimer.

Si le sort quelquefois, nous griffe et nous bouscule,

Commençons chaque jour; sur une majuscule,

Une exquise folie enfin ressuscitée,

La saveur défendue d’un désir oublié.

Chassons de notre temps toute médiocrité.

Infusons dans nos heures une dose de gaité.

Et regardons le monde dans sa part la plus belle,

Ses trésors oubliés, ses œuvres immortelles.

Mordons à pleines dents aux pommes de la vie,

Donnons nous du bon temps suscitons de l’envie

A tous les nostalgiques qui s’enterrent avant l’heure..;

Vidons jusqu’à l’ivresse la coupe du bonheur.

Liberté

J’aime les canaris et les autres oiseaux,

Qui sont un jour enfuis de derrière les barreaux,

Et qui sont décidés de ne plus être sages,

Maudissant à jamais les barreaux de leur cage.

J’aime qu’ils soient fous, furieusement jaloux

Des plaisirs que l’on prend sans ne léser personne,

Et dormir à leur gré lorsque matines sonnent.

Je les aime buvant, à gorges déployées,

Le nectar de l’amour entre deux oreillers,

Oubliant le millet de leurs cages dorées,

Dégustant le délire d’étreintes consommées,

Et volant au plus haut, dès que parait le jour,

Vers des nuages doux qui font des nids d’amour…

Et s’il fallait un jour qu’ils se fassent croquer

Ils auront bien vécu avant d’être enterrés…

G.B

Maison de retraite

Certains soirs se parfument aux senteurs des matins
Et vibrent au souvenir des amours d’autrefois
Le désir est secret et le cœur, plein
d’émoi
Le rêve les naufrage aux fabuleux destins.

Ils n’osent pas encore, cependant le cœur bat
Pour un regard trop clair, une mèche si blonde
La tendresse les invite aux rives d’un autre monde
Ils s’inventent des mots qu’ils murmurent tout bas

Ils n’ont pas le courage de se prendre le bras
La crainte qu’il soit tard, ou bien qu’il soit trop tôt
Pour se bruler aux feux de ces midis si chau
ds
Quand l'aveu partagé les illuminera

Il arrive par
fois qu’ils cèdent à la caresse
Qui leur ouvre les portes d'aventures câlines
Ils oublient l’heure des vêpres et celle des mâtines
Que leur importe l’âge pourvu qu’ils aient l’ivresse

G.B

Nostalgie

A trainer son passé

Comme une gibecière

Il avait épuisé

Sa réserve d’eau claire

Il avait des cailloux

Jusque sous les paupières

Il errait comme un loup

Chassé de sa tanière

Il avait ignoré

De goûter chaque jour

Le pain craquant et frais

Tout droit sorti du four

Il n’avait pas appris

A guetter le printemps

Derrière le rideau gris

Des grimaces du vent.

Il gachait son présent

Par un passé perdu

Sans cesse ruminant

Ses ambitions déçues

Il mourut un matin

De n’avoir pas voulu

Inventer une fin

Au passé révolu

Il avait oublié

Qu’à la fin de la guerre

On savoure la paix

Sans regard en arrière…

Novembre

Les feuilles rousses

Chutent en larmes

Sur une mousse

Le soir est parme.

Etoiles rouges

D’un vieil érable

Que le vent bouge

Dessus le sable.

Gracieux, les cygnes.

Au ton d’ivoire

Tracent une ligne

Sur l’étang noir.

Les oies sauvages

Sont reparties

Vers les rivages

De Namibie

Les marrons tombent

En bruit d’orage

Le ciel se plombe

De gris nuages.

Le vent du nord

Livre bataille.

L’automne s’endort

Dans la grisaille.

Un corbeau vole

Un chien aboie.

Lève ton col

Il fera froid.

L’ombre et le soleil.

Il était le soleil, elle n’était que son ombre.
Il avait tant d’esprit qu’elle en paraissait sombre,
Sans relief, discrète, quand le soleil versait
Des torrents de lumière sur elle trop effacée.
Elle aurait bien aimé avoir aussi sa place,
Se sentir une femme en regardant la glace...
Trop longtemps opprimée, interdite de jour,
Elle s’était crue éteinte, cloitrée dans une tour .
Car il était partout, arrogant et superbe
Lui Imposant sa loi et du geste et du verbe…
Mais un jour une éclipse assombrit son esprit;
L’astre disparut dans une profonde nuit.
Et de l’ombre jaillit une douce lumière
Qui bien vite occupa une place première.
Elle n’éblouissait pas, n’en avait pas le goût
Mais retrouvait sa place, libérée de son joug.
Les jours, loin du soleil qui l’avait desséchée,
Reprenaient les couleurs qu’elle avait tant cherchées…

Des tyrans domestiques imbus de leur personne
Se voient maitres absolus de vies qu’ils emprisonnent.
Pour grands que soient les hommes, il suffit de bien peu
Pour que le destin change le sort des vaniteux..

PARCE QUE

Parce que c’était moi et parce que c’était elle,

Les couleurs de nos yeux ont fait un arc en ciel.

Il reste seulement au sillage de mes jours

Que la trace fidèle d’un indicible amour.

Parce que c’était eux et parce que c’était moi,

Nous avons partagé nos peines et nos joies.

Ils ont été mon tout, d’eux je me suis épris.

Ils veillent maintenant sur mes cheveux tout gris.

Mille fils s’entrecroisent toute au long d’une vie,

Seuls quelques uns se lient et ne se quittent plus ;

Les histoires d’amour ne sont jamais finies.

C’est par elle et par eux que j’ai été heureux.

La vie m’a paru fraiche à la source où j’ai bu,

Parce que c’était elle et parce que c’était eux…

Printemps

Le printemps a cogné aux portes de mon cœur

D’un éclat de soleil gorgé de mimosas

Les giboulées de mars en mauvaises humeurs

De la fin de l’hiver annoncent le trépas ;

Les cerisiers s’emperlent de gouttes aux bourgeons

Et sur les vitres brillent des reflets indiscrets

Les merles s’égosillent de nouvelles chansons

Des agneaux nouveau-nés gambadent dans les près.

Les peaux blanches d’hiver s’exposent au soleil

Qui les brule trop vite d’un baiser impudique

Les jardins se réveillent d’un paresseux sommeil

Les poètes s’enivrent de rimes bucoliques.

Il suffit de si peu, d’un début de printemps,

Pour que le cœur s’habille de joyeuses pensées

Le corps est plus léger, et le cœur est content

Un rayon de soleil qui annonce l’été…

Québec, mon amour

J’étais un exilé, chassé de mon pays.

Les bombes avaient brûlé ce que j’avais chéri.

Le bateau m’a conduit aux rives du Saint Laurent

Québec m’a accueilli comme un nouvel enfant

L’automne avait pour moi mis ses voiles de feu

Sur les Plaines d’Abraham, je me sentais heureux

Le château Frontenac dressait sa silhouette

Une chanson plumait la gentille alouette

Tout était simple et beau dans cette Nouvelle France

Je retrouvais la paix, l’amitié l’espérance

Les élèves sans façon ; m’initiaient au hockey

Nous allions boire une bière dans un bistrot des quais

Quand la neige fut venue sur le lac de Saint Jean

Des amis m’emmenèrent sur des pistes d’argent

Ou les lacs gelés traversés en sky-doo

Le froid et le whisky nous rougissaient les joues

Je me suis pris d’amour pour ces gens chaleureux

Je me sentais chez moi, j’étais si bien chez eux

Au printemps revenu, de ma langue natale

Il ne restait plus rien, je parlais le joual.

Quand je pense à Québec, je crois avoir rêvé.

Ils m’ont bien trop aimé, moi, leur « maudit français ! »

Mon cœur battra très fort lorsque le jour venu

En débarquant au port, j’entendrai : « Bienvenu ! »

Rimes

Rides

Un matin, une ride, a griffé mon miroir

Une ride perfide que je ne voulais voir

A marqué sur le front, mes brûlures de midi

Et les feux de Bengale des soleils de mes nuits.

Elle traçait finement une vague légère

Et donnait à mes traits un aspect plus sévère

Pourtant mes cheveux blancs, discrètement épars

M’avaient bien prévenu qu’il était déjà tard

D’autres rides sont venues sillonner mon visage

Doucement je passais sur un autre rivage

Chacune me lisait une page d’histoire

Des éclats de mon cœur ou des brumes d’un soir

J’appris à les connaître, elles m’ont apprivoisé

Elles m’ont révélé des milliers de secrets

D’une vie de contrastes noyés dans la mémoire

Que je redécouvrais comme dans un grimoire

Maintenant je regarde les visages des vieux

Comme des livres d’images qui reflètent les cieux

Des pays oubliés et des temps révolus

De fleuves qui s’écoulent vers leur ultime flux

Ecriture tracée aux pleins de leurs soucis

Aux déliés des joies et de l’amour aussi

Les rides portent en leur creux une vie de labeur

Une décoration, une légion d’honneur

Ils sont beaux ces visages creusés de cicatrices

Stigmates de sagesse, de bonté de malice

Qui affichent simplement sans chercher à complaire

Les angles ou la douceur de chaque caractère

Rimes sans raison

Dans les pas d'un loup, d’un cadavre exquis

J’ai reçu un coup, je ne sais de qui

Un petit matou, un escargot gris

Un très vieil hibou ou un ouistiti

Un grand caribou , une petite souris

Un méchant matou en chemise de nuit

Avec un grand cou et un p’tit quiqui

Qui faisait joujou dans la sacristie

Mais que pensez vous, mais qu’avez-vous dit ?

Que je suis un fou ? Ah, non Sapristi !

Ayez le bon goût de trouver jolis

Sans faire cette mou, tous mes mots d’esprit

A dormir debout… Allons, je vous prie….

Romantique béton

Tout autour de l’étang, droits comme des bougies

Se dressent les peupliers, qui se mirent dans l’eau

Pour quel anniversaire se tiennent-ils ainsi

On attend qu’ils s’allument comme sur un gâteau…

Les grenouilles coassent leurs très vielles querelles

Des hérons prétentieux se regardent dans l’eau

La chouette regarde passer les hirondelles

Au soleil le renard se réchauffe le dos

Les lapins de garenne s’ébattent dans les bois

Et sous les feuilles mortes poussent les champignons

Le sanglier bourru se croit l’unique roi

De la forêt profonde et de ses compagnons.

Mais soudain de la route qui s’en vient de la ville

Arrivent des tracteurs et d’énormes camions

Les arbres sont arrachés, les animaux défilent

On va construire la d’imposantes maisons.

Le béton se répand où poussaient les fougères

Sur l’étang asséché un parking est tracé

Il ne restera plus de la belle clairière

Qu’un vague souvenir et des branches brisées.

C’est ainsi que s’effacent de nos vielles mémoires

Les jardins bucoliques de nos années d’enfance

C’est le destin dit-on, ou le cours de l’histoire,

Fallait-il pour cela défigurer la France ?

Sahara



Le feu a coulé sur la terre
En vagues immaculées.
La lumière a chassé les ombres
sous les cailloux chauffés à vif
Où dorment des scorpions.
Les herbes immobiles
Tendent leurs branches sèches
Au soleil tyrannique.
L'âne abruti baisse sa tête soumise
Et les mouches collées à ses larmes
Ont renoncé à leurs ballets obstinés.
Les palmiers distillent une pénombre parcimonieuse
Sous laquelle méditent des burnous impavides.
Une gargoulette pendue
Sue son goutte à goutte
De désespoir.
Parfois, un souffle incongru
Soulève un tourbillon de pouss
ière
Où s'agrippent des ronces barbelées.
L'horizon se mirage de vapeurs myopes.
Le désert rêve sans doute
D'une mer à boire
L'éternité du temps
Se pétrifie dans le sable infini

Savane

Dans les fauves fumées

Des savanes enrhumées

L’éternuement strident

De singes insolents

Déchire la torpeur

D’un vieux lion sans peur…

Il n’est pas sans reproche

Quand soudain il s’approche

D’une gazelle jolie

Qui s’émeut et le fuit…

Alors il se recouche

Au milieu de mille mouches

Dans le rêve indolent

Des effluves du vent

Qui lui soufflent aux naseaux

Des appétits nouveaux

De sensuels désirs

Comme des élixirs…

Mais soudain un oiseau

Bondit, de saut en saut.

Près du fauve ébloui

Il installe son nid .

Le carnassier s’est tu.

Il le regarde ému.

La silhouette gracile

Du passereau fragile

A transformé la bête

En un tendre poète…

L’amour est souvent fou.

Il suffit d’un hibou

Ou d’un oiseau moqueur

Qui dépose son cœur

Pour métamorphoser

Les fauves du monde entier…

Solitudes

On marche toujours seul, dans le désert du temps ;

Parfois on apprivoise un oiseau égaré,

Mais quand glissent les brumes, au matin du printemps,

Chacun prend son envol aux chemins écartés.

A tous les carrefours, passent des pèlerins.

Les sourires s’échangent et parfois des baisers.

On est heureux ensemble, pour un bout de chemin,

Mais il faut se quitter aux prochaines croisées.

On réchauffe son cœur aux fétus des amours,

Mais passent les Saint Jean et passent les moissons,

Il faut se relever et partir à son tour,

Emporté par les vagues de nouvelles moussons.

Heureux qui a goûté au partage du pain

Et s’est chauffé un temps aux feux d’un grand amour.

Il trouvera moins dure l’aube du lendemain,

Et dormira en paix lorsque tombe le jour.

G.B

Tendresse

Ne la recherchez pas dans les grands sentiments.
La tendresse se cache sous les traits d’un enfant,
Dans le sourire aimant, sous la main qui se pose,
Dans le regard ému à la vue d’une rose .
La tendresse est discrète, elle n’a pas le langage
Des aveux déclamés dans de longs bavardages.
Silencieuse et douce elle pose son voile
Sur une âme blessée, comme le fait une étoile.
Elle ne demande rien et s’offre simplement
Pour une vie
entière ou un petit moment.
Elle est avant l’amour, fondue dans le désir;
Elle est après l’amour, dans de tendres soupirs.
Lorsque la solitude s’installe dans l’absence,
Sous les traits de l’ ami, elle est une présence.
Elle est dans l’écriture d’un mot chargé d’amour,
Quand la vie est cruelle, quand le cœur est trop lourd.
La tendresse est timide, en silence elle dit
De ces mots lumineux qui éclairent une vie.
Elle
n’est rien ; elle est tout pour qui ouvre son âme
A la douce chaleur de sa petite flamme

G.B

Timide

Chez le marchand de quatre saisons,

Elle achetait des mandarines;

Je voyais bien de ma maison

Son doux reflet dans la vitrine.

Elle est passée devant chez moi,

A regardé la devanture.

J’aurais voulu, je n’osais pas

M’engager dans cette aventure.

Elle est venue chez la voisine,

Quand je descendais l’escalier.

Elle avait la taille si fine,

De grandes jambes de jolis pieds.

J’ai pris mon courage à deux mains,

Plus rien n’arrêterait mes pas...

Et puis, j’ai rebroussé chemin,

Je voulais trop, je n’osais pas.

Cependant, je n’ai pas eu peur.

Je suis allé à sa rencontre.

Je lui ai même demandé l’heure;

Hélas, elle n’avait pas de montre

A un feu rouge, un beau matin,

En souriant elle est venue,

M’a pris doucement par la main,

Et m’a fait traverser la rue.

Un soir, j’ai osé l’embrasser

La regardant au fond des yeux...

Alors le réveil a sonné,

J’avais rêvé, j’étais heureux !

Un enfant va venir

Un enfant va venir ;

Il vient de s’annoncer

Le fruit d’un grand désir

Si longtemps espéré

La vie morne et tranquille

Soudain s’est éclairée

La maisonnée jubile

Quand va-t-il arriver ?

Les choses ordinaires

De viennent merveilleuses

Et les brumes d’hier

Sont soudain lumineuses

Un enfant va venir

Quoi de plus ordinaire

Une vie va surgir

Indicible mystère

Une petite étincelle

Illumine la terre

Une terre plus belle

Quand l’amour se fait chair…

Vers de mirliton

Je m’enivre d’écrire comme d’un vin trop fort

L’encre est mon élixir et mon parfait accord

Que m’importent les pieds pourvu que j’aie l’ivresse

Si dans la poésie, je trouve l’allégresse

Des images qui plaisent, des sentiments secrets

Que maladroitement , je tente d’exprimer.

Et qu’’importent l’acrostiche ou la palinodie

L’épopée, l’impromptu, l’ode ou la rhapsodie

Mes vers sont souffreteux parfois ils manquent d’air,

Mais sous leur maladresse, se cachent des mystères,

Des tendresses rentrées, des aveux impudiques,

Qui n’ont rien de sublime, de grave ou pathétique.

Mes vers sont ordinaires et pourtant j’en suis fier

Ils écorchent les lois de la noble grammaire.

Comme des va-nu-pieds, ils mendient des caresses,

Portent des pissenlits pour plaire à la maitresse.

Ils ne sont pas soignés comme de beaux rosiers

Ils poussent au gré du temps, du vent, de la rosée

Mais c’est au fond du cœur qu’ils plongent leurs racines

Pour donner du parfum aux bouquets qu’ils dessinent.

Mes vers sont comme les fleurs, fragiles et éphémères

Ils dansent pour vous plaire et meurent en un éclair….

Mais encore fanés, ils cherchent à aimer

Et ne meurent vraiment, qu’une fois oubliés.

Vieilles choses

Dans un vieux paletot, usé et défraichi,

Je me glisse le soir pour lire le journal,

Dans l’indécis confort d’un canapé bancal,

Et nous ne faisons qu’un, comme deux bons amis.

Il porte sur les coudes, l’usure des années,

Des rides sympathiques, pour s’accorder à moi.

Son col, très élimé, m’est caresse de choix,

Qui doucement m’apaise, comme une main aimée.

Qu’elles sont rassurantes, ces chères vieilles choses,

Compagnes d’une vie, silencieuses et sincères,

Plus fidèles amies que l’éphémère rose.

Elles portent en secret, de nos vies, les mystères,

Connaissent nos misères et nos apothéoses,

Et nous suivent encore, au chemin solitaire

Rédigé par Guy Bezzina

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C
... Je n'ai pas encore tout lu mais je pense y arriver .... J'écris moi-même aussi, mais tellement moins bien ...Amicalement<br /> le petit séminariste des années 54-57
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C
Continue, c'est si beau et bon de te lire!
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